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    Le 26 décembre 1999, une tempête d’une violence exceptionnelle ravage le territoire français. Les vents sont mesurés à près de 200 km/h sur certains points de la côte et de 120 à 150 km/h à l’intérieur des terres. Les toitures s’envolent, les pylônes et les panneaux publicitaires s’effondrent, les forêts sont dévastées. Le trafic aérien est interrompu, les trains ne circulent plus, certaines routes et autoroutes sont coupées. Des centaines de milliers d’abonnés sont privés d’électricité. En Alsace, on recensera quatre morts et plus de 200 blessés, dont une dizaine gravement. Soixante-neuf départements seront déclarés en situation de catastrophe naturelle.

    Le lycée Xavier Nessel – Alphonse Heinrich à Haguenau a été l’un des plus durement touchés lors de la tempête du 26 décembre. Archives de la Région Grand Est, site de Strasbourg, 2056 WR 27, photo 549-643-35.

    De nombreux bâtiments publics subissent des dégâts sur les territoires alsacien, champardennais et lorrain. Parmi les bâtiments endommagés, il faut mentionner les lycées, dont le conseil régional a la responsabilité. Du côté alsacien, 13 lycées sont particulièrement touchés, 41 subissent des dégâts d’importance moyenne, 24 lycées présentent des dégâts minimes. On ne compte plus les arbres déracinés, les toitures arrachées et les infiltrations d’eau. Les services de la Région interviennent immédiatement pour lancer les travaux nécessaires à la mise en sécurité des établissements et à la réparation des dégâts les plus importants. Aucun établissement n’a été fermé : tous les lycées ont pu accueillir les élèves pour la rentrée scolaire du 4 janvier. Dans les deux mois qui suivent, plus de 200 interventions ont été programmées sur 77 établissements, pour un montant total estimé à environ 20 millions de francs.

    En Lorraine, 92 lycées sont touchés, pour lesquels les dommages sont estimés à plus de 60 millions de francs. Comme en Alsace, la Région Lorraine consacre une somme de 20 millions de francs à la réparation des premiers dégâts, afin d’assurer la continuité du service public de l’enseignement.

    Le patrimoine forestier est également durement touché, défigurant gravement les paysages des trois régions du Grand Est. Le volume de chablis s’élève à environ 6,5 millions de m3 en Alsace, 29 millions de m3 en Lorraine et 14 millions de m3 en Champagne-Ardenne. La quantité de chablis représente l’équivalent de deux années de production pour l’Alsace et de six à sept années pour la Lorraine. Dès le lendemain de la tempête, l’Etat et les collectivités territoriales se sont mobilisés pour adopter un plan d’urgence visant à dégager et à sécuriser au plus vite les forêts, à valoriser le bois à terre et à soutenir financièrement les domaines économiques régionaux les plus touchés, comme le tourisme vert.

    Dans sa séance du 4 février 2000, le conseil régional d’Alsace vote un plan d’urgence pour venir en aide à la filière bois : acquisition de matériel de débardage et de camions-grumiers, aide au stockage du bois et construction de hangars. Des aides sont prévues pour inciter les communes à développer les modes de chauffage au bois. Le plan de formation pour la professionnalisation des bûcherons est renforcé, tandis que des chantiers-école sont mis en œuvre pour la réhabilitation du massif forestier. Le montant total des mesures d’urgence pour la filière forêt-bois s’est élevé à un total d’environ 120 millions de francs.

    La Région Lorraine, quant à elle, craint fortement les retombées négatives de la tempête sur le tourisme vert, secteur particulièrement important de l’économie régionale. Les sentiers de randonnée sont en très mauvais état, les attractions touristiques comme l’Aventure Parc du site du lac de Pierre Percée sont détruites et les forêts vosgiennes, zones très touristiques, sont fortement dégradées et interdites aux promeneurs pour cause de sécurité. La création ou la remise en état des sentiers, la restauration des cours d’eaux, ainsi que l’estimation des dégâts matériels et économiques sont certaines des actions adoptées pour réagir à cette catastrophe naturelle.

    Quelques mois plus tard, un deuxième train de mesures est adopté pour faciliter la résorption des chablis. Il visait à moderniser ou à rouvrir les gares spécialisées dans le trafic bois, afin de permettre aux chablis dégagés d’être réexpédiés par le mode ferroviaire. Dix gares font l’objet de travaux en Alsace et sept en Lorraine. Ces travaux, évalués à 6,6 millions de francs en Alsace et à 4,9 millions de francs en Lorraine, devaient être cofinancés par l’Etat, les Régions et la SNCF.

    Affiche de la manifestation « Le Mois de l’arbre » organisée par la Région Alsace en partenariat avec les acteurs de la filière bois, les arboriculteurs d’Alsace, l’Education nationale et la Direction régionale de l’environnement. Archives de la Région Grand Est, site de Strasbourg, 1950 WR 13.

    Le reboisement des lycées préoccupe également la Région Alsace. Dès le mois de mars 2000, une opération « Des arbres dans nos lycées » est lancée. Des subventions sont accordées aux établissements qui s’engagent en contrepartie à impliquer les élèves ou un groupe d’élèves dans le choix des essences, la définition du parti environnemental, la gestion du projet. Cette initiative trouvera sa concrétisation en novembre 2000 dans le cadre de la manifestation « Le mois de l’arbre en Alsace ». Entre le 24 et le 29 novembre, plusieurs cérémonies sont organisées dans toute l’Alsace pour la plantation d’arbres dans l’enceinte des lycées.

     

     

     

     

     

    « Etude des conséquences de la tempête de 1999 sur les milieux aquatiques du massif vosgien ». Cette étude a été réalisée par l’ONF Lorraine et l’ONF Alsace à l’initiative de l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse. Archives de la Région Grand Est, site de Metz, 1425 WLO 27.

     

    Il faut aussi penser à la reconstitution des peuplements forestiers. Dès 2002, la Région Alsace accorde son soutien à l’association Forêt Privée d’Alsace pour la formation des sylviculteurs privés. La même année, le Centre régional de la propriété forestière (CRPF) de Lorraine-Alsace publie avec le soutien de la Région des guides et fiches pratiques pour la reconstitution des peuplements et le choix des essences dans les secteurs touchés par la tempête.

    L’impact de la tempête sur les milieux aquatiques du massif vosgien est une autre source de préoccupation. En 2005, l’ONF Lorraine et Alsace s’associent afin d’effectuer un état des lieux avec le soutien financier de la Région Lorraine et du Conseil général des Vosges.

     

    Vingt ans après la tempête qui a balayé la France le 26 décembre 1999, il reste le souvenir d’un événement climatique exceptionnel dont le traumatisme ne s’est pas encore totalement effacé. Les dégâts causés aux réseaux d’électricité et aux bâtiments publics et privés ont certes été rapidement réparés. La forêt et les cours d’eaux en revanche ont mis du temps à panser toutes leurs plaies, éprouvés par la tempête d’une part mais surtout par l’exploitation de masse des chablis. La catastrophe a cependant joué un rôle salutaire en accélérant la mutation de la sylviculture. Elle a incité à délaisser certaines pratiques pour une approche plus durable. Les promeneurs quant à eux ont depuis longtemps retrouvé le chemin des massifs forestiers. Après la tempête, certaines forêts étaient restées interdites d’accès durant de longues semaines…

    Sources

    Archives de la Région Grand Est, site de Strasbourg :

    • 950 WR 11 (4), 2056 WR 27, 2100 WR 106 : dégâts dans les lycées
    • 1932 WR 38, 2097 WR 126 : interventions régionales en faveur de la filière forêt-bois
    • 2082 WR 70-73 : opération « Reboisons nos lycées »
    • 1950 WR 13 (3-4) : organisation du « Mois de l’arbre en Alsace » en novembre 2000

    Archives de la Région Grand Est, site de Metz :

    •  10W46 : avenant au Contrat de Plan Etat-Région relatif au dispositif « Après tempête » (rapport du président)
    • 1425WLO 27 : commission permanente du 29 avril 2005.- Office National des Forêts, conséquence de la tempête de 1999 (aide régionale)
    • 1407W282 : réunions CRT Tempête de 1999-2000.
    •  1446W189 : conséquences de l’exploitation forestière et de la tempête sur les milieux aquatiques du massif vosgien (aide régionale)

    Archives de la Région Grand Est, site de Châlons :

    • 24WCA 18 : séance plénière d’information du 7 février 2000 relative aux intempéries (bilan des actions) et au contrat de plan : plan « action solidarité tempête »
    • 531WCA 531 : Direction de l’Aménagement du Territoire : Plan Tempête-Vergers (aide régionale)

    Bibliographie

    Didier Bonnet, « Le Journal de la tempête », Les Saisons d’Alsace, n° 6, printemps 2000.
    Pascal Coquis, « La colère de Lothar », Les Saisons d’Alsace, n° 80, mai 2019.
    Robin Degron, « Les forêts lorraines dans la tempête du 26 décembre 1999 : premier bilan », Revue géographique de l’Est, n°40/3, 2000