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A l’approche de l’été, l’appel du voyage se fait souvent sentir. Cette année, les déplacements seront sans doute plus restreints, mais nous pourrons toujours rêver à nos voyages passés ou à venir. Les plaisirs du voyage ont longtemps été réservés à une minorité de privilégiés et ne se sont démocratisés qu’au cours du XXe siècle. Nous vous invitons à une petite incursion dans le temps grâce aux archives de la Région Grand Est, sur les traces de quelques voyageurs aventureux des siècles passés.
Par bien des aspects, le pèlerin peut être considéré comme l’ancêtre du touriste. De nombreux hauts lieux touristiques ont d’abord été visités par des pèlerins. Le pèlerinage par excellence est bien sûr celui de Jérusalem, fréquenté depuis les époques les plus reculées. Au XIXe siècle encore, le voyage en Terre Sainte nécessitait une sérieuse préparation. A Paris, le Bazar du Voyage offrait un vaste choix de fournitures pour tous les explorateurs en partance. Le jeune abbé de Reinach s’y est rendu en 1855, avant son départ pour l’Orient. Il a notamment pu y acquérir un bâton ferré, une gourde et une moustiquaire.
Pendant des siècles, les Chrétiens se sont rendus à Rome dans un esprit de pèlerinage. A partir des années 1840, l’Italie devient un musée : les antiquités romaines attirent de nombreux voyageurs. La ville de Rome est le principal centre d’attraction. Comme de nos jours, les visiteurs partent à la découverte des sites qui méritent d’être vus : le Colisée, le Panthéon, le Forum, les Thermes. Les voyageurs les plus distingués maîtrisent l’art du dessin et prennent leurs crayons et leurs boîtes d’aquarelle pour immortaliser les lieux visités. Les dessins ci-dessous ont été réalisés en 1845 et représentent deux sites incontournables du tourisme romain : le Panthéon et le Forum.
Le voyage en Orient est une étape incontournable pour nombre d’artistes. Ils en ramènent des croquis ou des aquarelles qui nourrissent leur inspiration. Victor Prouvé, peintre, sculpteur et graveur de talent, membre de l’École de Nancy, a réalisé de nombreux dessins, huiles et aquarelles lors de ses deux voyages en Tunisie en 1888 et 1890. L’exposition « Voyages en Tunisie », organisée en 1999 à Malzéville mettait en scène ces voyages, à l’occasion du centenaire de l’Ecole de Nancy.
Depuis la fin du XIXe siècle, Lourdes est devenu un pèlerinage très fréquenté, quasiment aussi universel que Rome. Dès 1866, l’arrivée du chemin de fer en a facilité l’accès et les pèlerins y débarquent par trains entiers, venant autant de l’étranger que de la France elle-même. Le développement du pèlerinage de Lourdes a contribué à renforcer l’attrait pour les Pyrénées. Le massif pyrénéen était déjà très fréquenté depuis l’époque romantique et de plus doté d’un patrimoine thermal exceptionnel.
Les milliers de pèlerins qui se rendent à la grotte de Lourdes ne manquent pas de faire une excursion dans les Pyrénées.
Les Pyrénées sont au centre du carnet de voyage rédigé en juillet-août 1884 par le jeune Maurice de Reinach, alors âgé de seize ans. En route avec sa famille vers la station thermale de Cauterets où il doit effectuer une cure, Maurice de Reinach relate en détail les différentes étapes de son voyage qui passe notamment par Bordeaux, Toulouse et Lourdes. A Bordeaux, il admire la « superbe cathédrale » et le port « couvert d’une multitude de mâts de navires marchands ». A Toulouse, « le jardin des Plantes est une jolie promenade, mais il n’y a à part cela rien d’intéressant ». A Lourdes, Maurice et sa famille vont visiter la célèbre grotte. « Nous nous agenouillons devant cette charmante grotte où on est impressionné de voir toutes ces béquilles qui pendent à l’intérieur de la grotte et à l’extérieur. Dire que tant de monde (et ces béquilles le prouvent) a été guéri miraculeusement ».
Maurice n’oublie pas de s’étendre également sur les désagréments du voyage. Les bagages ayant été oubliés à Verdelais, son père doit rebrousser chemin pour les chercher avant de rejoindre le reste de la famille à Toulouse. A l’hôtel de Cauterets, « en général, les dames qui mangent près de nous ne sont pas de la dernière distinction ». Lors du voyage de retour, Maurice et son père passent une nuit à Lourdes où ils dorment à l’hôtel. « Papa a passé une nuit horrible, il a été dévoré par des punaises ; il n’a pas dormi une demi-heure de suite ».
Le journal de voyage est en principe écrit pour soi, à titre d’aide-mémoire et sans songer à publication. Au cours du XXe siècle, il a cependant eu tendance à devenir un genre littéraire particulier. Lors de la mise en service du TGV Est Européen le 10 juin 2007, la SNCF a choisi ce format pour présenter au public la nouvelle ligne à grande vitesse. Dans ce petit carnet doté d’une reliure à spirales, très pratique d’utilisation, le futur utilisateur de la ligne pouvait découvrir les différentes liaisons proposées, le matériel utilisé, les gares desservies… Le voyage est désormais passé à l’ère de la grande vitesse, mais le plaisir de la découverte est toujours présent !
Pour saluer l’arrivée du TGV Est, Michel Caffier, auteur de l’ouvrage « Le TGV de 8h47, quinze voyages littéraires en Lorraine », a trempé sa plume et propose de plaisants récits « à la manière » d’écrivains, d’artistes et de personnages célèbres, pour le plus grand plaisir des voyageurs.
Notre carnet de route dans les fonds des archives du Grand Est vous aura-t-il donné des envies d’aventure, de découvertes, de partager des connaissances ? pour vous rendre de l’autre côté de l’horizon et en ramener une part de rêve …